The impossible is possible tonight (craig)

Une cigarette à la bouche, je profite du coucher de soleil devant le Marx's Billards. Le lieu vient d'ouvrir, mais je profite du petit air frais. Clairement, j'ai passé une journée pourrie. Très tôt, j'avais été à mon rendez-vous, pour poursuivre ma thérapie, mon psychologue sait que je vais mieux, mais il me voit toujours autant. Il n'est pas n'importe quel psychologue ! Il est aussi celui avec qui je couche occasionnellement, malgré qu'il soit marié, que sa femme soit un monstre et que moi je suis perdue. Je n'ai pas parlé de mes soucis, il m'a parlé des siens. Comme le fait que sa femme a décidé de lui découper toutes ses chemises, mais qu'elle refuse de divorcer, qu'elle veut lui faire vivre un enfer. Vous savez, les problèmes des autres j'en ai assez, je ne veux pas les écouter. Alors ce matin, je me suis ennuyée avec lui, j'aurais peut-être même préféré qu'il me saute dessus, me fasse décoller au septième ciel.
C'est dingue !  Je suis tellement perdue. Ma vie sentimentale est un désastre. Je ne sais même plus ce que je veux. Je pense que je veux m'amuser, profiter, rattraper le temps que j'ai perdu à vivre le rêve de ma mère, à décrocher des médailles d'or. Je commence à haïr la danse maintenant. Ces derniers temps, j'ai changé, alors que je ne buvais pas, je n'hésite pas à descendre une bonne bouteille, je détestais les boîtes de nuit et je passe mes nuits là-bas… Étrange vie, étrange envie.
J'écrase ma cigarette finie, je pousse mes cheveux en arrière, je turne les talons pour entrer dans le pub. Aussitôt je fais signe au serveur, je lui commande une vodka tonic. Je regarde autour de moi, à la recherche d'une tête connue. Je ne veux pas que ma soirée se termine mal, ma matinée ayant été bien trop médiocre. Je m'avance vers un billard, des hommes sont en train de jouer. Avec mon physique, il est facile pour moi de m’immiscer dans la partie. J'aime ce jeu, assez divertissant et je suis plutôt douée.

Les journées de repos ne sont pas faites pour se reposer. C’est un constat que fait Craig Holden. Monsieur travaille les weekends, il a donc une nette impression de ne jamais en avoir. Lors de ses journées de repos, il s’occupe généralement des problèmes à régler, ou il passe du temps avec son neveu, histoire de s’amuser un peu. Parfois, on l’appelle à la caserne, alors se détendre devant la télévision, c’est bien compliqué. Pour une fois, il a pu regarder un film, bien tranquillement enfoui dans son canapé, une couverture qui ne laisse dépasser que les chaussettes blanches à ses pieds qui trônent sur la petite table basse où il s’étend. Whiplash. Un film intéressant sur la relation entre un batteur et son chef d’orchestre qui est un vrai connard. Et puis, après cela, il s’est mis en route pour la salle, où il a fait quelques exercices, papotant de temps à autres avec des habitués qui lui demandent souvent son programme. Personne ne fait plus de tractions que lui.  A chaque fois qu’on s’y essaye, on se prend une tôlée. Ca le fait sourire, Craig. Pour la peine, à la sortie de la salle, un gars du nom de Jimmy ou Jarvis, peu importe, lui offre un verre au Marx. Il accepte bien volontiers, et le voilà en ces lieux, son compagnon de fortune lui ayant déjà fait faux bond pour retrouver ses potes de toujours. Assis au comptoir, il descend les bières comme les enfants raffolent des bonbons et il regarde autour de lui, se demandant au fond si tous ont une vie, où si les gens qui l’entourent sont des piliers de bar parce que leur vie est médiocre. Il vaut mieux se contenter de peu. Craig aime la vie qu’il mène et n’aspirerait jamais à plus. Ca lui suffit amplement, même si les parents Holden ont toujours râlé qu’il ne cherche pas à se mettre en ménage. Mais ça n’est pas son problème. Une femme rentre, et Craig est immédiatement alerté, contemplant du coin des yeux la plastique de la jeune femme. C’est alors qu’il la reconnait : France Rogue. Elle est la mise en pratique de son neveu. Celle qu’il convoite et qu’il doit obtenir. Elle s’avance déjà vers le billard où nombre d’hommes jouent déjà. Craig se lève de sa chaise, prenant soin d’emporter sa pinte de bière et les rejoint, s’écriant alors en passant un bras autour du cou de la jeune fille : « France et moi on prend la gagne et j’annonce, on perd pas une partie. » Les autres ricanent, mais il fait déjà un clin d’œil à la jeune femme : « T’as intérêt à pas me faire faux-bond, ou je t’assure que tu le regretteras ! » Dit-il en ricanant. Le compétiteur est de retour.